Le lac Édouard, essentiel à la survie de milliers de familles vivant dans l’Est de la République Démocratique du Congo, devient le théâtre d’une inquiétante manœuvre militaire. Le 11 juin, un bateau de guerre lourdement armé, utilisé par le groupe rebelle M23, a été aperçu dans les eaux congolaises, entre Vitshumbi et Lunyasenge.
Selon les observations, le navire transportait deux instructeurs spécialisés dans la navigation militaire et des jeunes recrues en formation, laissant présager la mise en place d’une unité navale rebelle sur le lac. Ce développement marque une nouvelle étape dans la militarisation du conflit et constitue une menace directe pour les populations riveraines.
Le lac Édouard n’est pas seulement un point stratégique : il est une ressource vitale. Il fournit du poisson à des milliers de familles, soutient les activités économiques locales et joue un rôle écologique important au sein du Parc National des Virunga. Sa militarisation fait peser de graves risques sur les pêcheurs, les éco-gardes, et l’ensemble des communautés qui en dépendent.
Au-delà de la sécurité locale, cette situation reflète une impasse inquiétante au niveau diplomatique. Malgré les efforts menés à Doha et les déclarations internationales en faveur de la paix, les faits sur le terrain montrent que le M23 continue de se renforcer, y compris sur les eaux congolaises, en toute impunité.
Face à cette dérive, des organisations locales appellent à une réaction ferme du gouvernement congolais pour rétablir le contrôle du lac et assurer la protection des populations. Elles interpellent également la communauté internationale sur l’urgence d’agir de manière concrète, au-delà des discours.
Le lac Édouard, source de vie pour des milliers de civils, ne peut devenir une base militaire sans conséquences. Le protéger, c’est défendre la paix, la souveraineté et l’avenir des communautés locales.
Roger KAKULIRAHI