
Le deuxième dialogue entre groupes armés et autorités provinciales s’est ouvert ce lundi 23 juin à Aru, territoire frontalier avec l’Ouganda. La société civile de la chefferie des Alur Djuganda appelle à la sincérité des engagements et alerte sur la persistance de l’insécurité.
La commune rurale d’Aru, dans la province de l’Ituri, accueille depuis le lundi 23 juin un dialogue entre groupes armés actifs dans la région et les autorités provinciales. C’est la deuxième fois qu’une telle rencontre se tient dans cette localité, avec pour objectif de trouver des voies de sortie à la crise sécuritaire qui secoue l’Ituri.
Dans ce contexte, la société civile de la chefferie des Alur Djuganda, par la voix de son coordonnateur Joseph Bercocan, a lancé un appel ferme aux groupes armés pour qu’ils respectent les engagements qu’ils prendront au terme de ces assises.
« Le dialogue n’est pas une nouveauté en Ituri, mais nous sommes contents que cela ait lieu. Toutefois, nous attendons des résultats palpables. Que les gens respectent ce qu’ils disent, que les groupes armés respectent leurs engagements pris devant tout le monde pour sauver l’Ituri de l’impasse de la guerre », a déclaré Joseph Bercocan, depuis Bunia, où il est en mission de service pour faire remonter les préoccupations de sa communauté.
Des attentes fortes face à une situation préoccupante
Selon Joseph Bercocan, la chefferie des Alur Djuganda fait face depuis 2023 à des menaces sécuritaires constantes. Elle est, selon lui, entourée par des groupes armés, notamment Zaïre et CODECO, sans que des actions concrètes soient ressenties de la part des autorités.
« Nous ne sentons pas des efforts de la part du gouvernement pour sécuriser la population ainsi que ses biens. Le gouvernement provincial doit prendre ses responsabilités. La société civile ne sécurise pas la population, c’est le travail du gouvernement à travers ses services de défense et de sécurité », a-t-il insisté.
La société civile de cette contrée craint de probables retombées sécuritaires suite à la présence persistante des groupes armés dans la zone, et exprime son scepticisme quant à la suite du processus de paix en cours.
Un précédent dialogue sans suite
Ce dialogue d’Aru est le deuxième du genre. Lors du premier round, des engagements avaient été signés, mais selon plusieurs observateurs et acteurs locaux, ces engagements n’ont pas été respectés. Ce constat alimente aujourd’hui une perte de confiance dans la sincérité du processus, surtout que les signataires actuels sont pour la plupart les mêmes qu’auparavant.
« C’est jouer aussi avec les gens que de signer des choses qu’on n’arrive pas à respecter », a dénoncé Joseph Bercocan, qui estime que le peuple mérite des actes concrets plutôt que des discours à répétition.
Entre espoir et scepticisme
La population locale suit donc avec prudence l’évolution du dialogue. Dans un contexte où plusieurs initiatives similaires n’ont pas porté de fruits, la question de la crédibilité reste posée.
Alors que l’Ituri tente une nouvelle fois de se relever par la voie du dialogue, les attentes sont immenses. La société civile, tout en saluant l’initiative, insiste sur la nécessité d’un suivi rigoureux et d’un véritable engagement des parties prenantes.
« Wait and see », disent les Anglais, résume un acteur local, avec une pointe de résignation.
Alors que les populations de l’Ituri continuent de vivre sous la menace, ce dialogue représente à la fois une nouvelle chance pour la paix et une mise à l’épreuve des volontés politiques et armées. Son succès dépendra de la capacité des groupes armés à traduire leurs paroles en actes et de l’engagement des autorités à garantir la sécurité de tous.
Justin Mupanya