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RDC : l’ONU alerte sur l’ampleur de la traite humaine et appelle à une action urgente

La République démocratique du Congo est appelée à prendre des mesures immédiates et décisives contre la traite des êtres humains, en particulier celle des femmes et des enfants, qui prend une ampleur inquiétante dans les zones de conflit. L’alerte est lancée par la Rapporteuse spéciale des Nations unies, Siobhán Mullally, à l’issue d’une mission officielle dans le pays.

Dans une déclaration rendue publique ce samedi, l’experte onusienne a dénoncé le recours stratégique à la traite humaine par des groupes armés dans plusieurs provinces de l’est du pays. « La traite est utilisée pour terroriser, contrôler et dominer des communautés entières », a-t-elle déclaré, précisant que l’exploitation sexuelle, l’esclavage sexuel, le travail forcé et le recrutement d’enfants atteignent des niveaux alarmants.

Selon Mullally, les enfants en situation de handicap, ceux vivant avec le VIH ou dans les zones minières, sont particulièrement exposés à ces formes d’abus. Elle pointe aussi la persistance de la traite dans les bars et établissements fréquentés par des mineurs, ainsi que dans les sites d’exploitation minière artisanale, où des réseaux de traite sévissent en toute impunité.

L’experte affirme que l’impunité, l’insécurité, la pauvreté enracinée et la corruption dans le système judiciaire freinent considérablement la recherche de justice pour les victimes. « La corruption dans les affaires de traite dissuade les victimes de témoigner et renforce les réseaux criminels », a-t-elle ajouté.

La Rapporteuse spéciale s’inquiète également de l’impact du retrait progressif de la MONUSCO, combiné à la baisse de l’aide humanitaire et au démantèlement de certains mécanismes d’alerte précoce. Elle appelle à un renforcement des dispositifs de protection, notamment à travers le dialogue avec les communautés locales, les éducateurs et les acteurs de la société civile.

S’exprimant sur le contexte du conflit, Mullally a rappelé que l’exploitation illégale des ressources naturelles alimente directement les violences et les violations des droits humains. Elle exhorte les négociations de paix en cours à s’attaquer aux causes profondes de la crise, notamment à l’impunité et à la prédation des richesses nationales.

L’experte onusienne a également dénoncé l’obstruction de sa mission par les autorités de facto du M23, qui lui ont interdit l’accès à certaines zones du Nord-Kivu, notamment à Mushaki, l’empêchant de rencontrer les victimes de violences sexuelles sous leur contrôle.

Son rapport complet sera présenté au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en juin 2026.

Justin Mupanya

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