
À Beni, dans la province du Nord-Kivu, les hépatites virales B et C continuent de progresser silencieusement, à l’écart des priorités sanitaires visibles. Infections du foie aux conséquences souvent graves, elles sont rarement diagnostiquées à temps, selon des professionnels de terrain.
Remus Nzalumbo, biologiste et responsable du laboratoire Baraka, situé au rond-point Rali dans le quartier Butanuka, témoigne d’une situation préoccupante. « Nous recevons régulièrement des patients chez qui l’hépatite est détectée très tard, souvent après des années sans symptômes visibles », indique-t-il. D’après lui, l’accès au dépistage reste insuffisant dans plusieurs quartiers de la ville, alors que les outils de détection sont pourtant simples et disponibles, notamment les tests rapides d’immunochromatographie.
Les hépatites virales B et C se transmettent principalement par le sang, les rapports sexuels non protégés, ou l’utilisation de matériel contaminé. En l’absence de diagnostic, elles peuvent évoluer vers une cirrhose ou un cancer du foie. L’Organisation mondiale de la santé estime que des centaines de millions de personnes dans le monde vivent avec une hépatite virale sans le savoir. En Afrique, la charge de morbidité est particulièrement élevée.
À Beni, aucun programme systématique de dépistage n’est actuellement en place dans les centres de santé publics. « Les tests sont encore perçus comme optionnels, alors qu’ils devraient faire partie des examens de routine, surtout chez les personnes à risque », déplore Nzalumbo.
Cette année, la Journée mondiale contre l’hépatite, célébrée le 28 juillet, a été placée sous le thème « Faire tomber les barrières ». Un message qui résonne avec les réalités locales : le coût des tests, la peur du résultat, l’absence d’information, et la stigmatisation sociale continuent d’éloigner de nombreuses personnes des services de dépistage et de traitement.
Pour ce professionnel de santé, une meilleure information de la population, un dépistage plus systématique et une plus grande accessibilité aux traitements pourraient changer la donne. « Il est temps d’agir en amont », conclut-il, rappelant que beaucoup de complications liées aux hépatites peuvent être évitées si la maladie est détectée à temps.
Justin Mupanya