L'information est notre priorité

Accord de Washington : Beni partagée entre espoir et prudence

La nouvelle de l’accord de paix signé à Washington entre le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame a réveillé des sentiments contrastés à Beni. Dans une ville meurtrie par l’insécurité depuis des années, l’annonce est accueillie avec un mélange d’optimisme retenu et de méfiance, tant la population a appris à se méfier des engagements diplomatiques qui peinent souvent à transformer la réalité sur le terrain.

Pour Maître Pépin Kavota, président de la société civile urbaine de Beni, l’accord constitue un geste politique important, mais entaché d’un sérieux manque de transparence. Il reproche au gouvernement de n’avoir ni consulté le Parlement, ni associé la société civile à ce processus. « On ne peut pas signer un accord au nom du peuple sans que le peuple ne sache ce qu’il contient », déplore-t-il, insistant sur la nécessité d’impliquer les acteurs locaux pour garantir une paix durable.

Du côté des citoyens, les réactions ne sont pas moins nuancées. Isaac Sivanzire, taximan moto en ville, affirme que l’accord est accueilli « avec réserve » par de nombreux habitants. Il rappelle que les attentes sont élevées, mais que la confiance de la population reste fragilisée par les massacres répétitifs. Selon lui, le premier signal attendu est clair : « Tant que les combattants du M23/RDF resteront sur le sol congolais, la population ne pourra pas croire à un changement réel. »

Les mouvements citoyens partagent ce sentiment de vigilance. Nick Junior Vusindi, militant de la LUCHA, estime que le succès de l’accord dépendra de son exécution effective. Il rappelle que plusieurs textes similaires ont été signés par le passé sans jamais résoudre les causes profondes de l’insécurité dans l’Est. « L’enjeu n’est pas seulement de signer, mais de s’assurer que justice, sécurité et bonne gouvernance suivent », insiste-t-il.

Entre optimisme mesuré, fatigue collective et exigence de clarté, Beni reste donc en équilibre. La signature de Washington ouvre une perspective, mais la population attend désormais des actes forts pour savoir si cette fois, la paix pourra réellement prendre racine.

Roger KAKULIRAHI

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *