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Beni : Les enseignants dénoncent 678 millions de francs perçus sans soins, un boycott de la rentrée envisagé

Le ton monte dans les rangs des enseignants du territoire de Beni contre la Mutuelle de Santé des Enseignants (MESP), accusée de percevoir des cotisations sans fournir les soins promis. Lors d’une assemblée générale évaluative tenue ce vendredi à l’EPA Masosi, le Syndicat des Enseignants du Congo, SYECO, a dressé un bilan sombre de l’année scolaire écoulée et évoqué des actions syndicales imminentes.

Selon Justin Bululi, secrétaire permanent adjoint du SYECO/Beni territoire, 678 284 000 francs congolais, soit environ 238 447 dollars américains, ont été retenus sur les salaires des enseignants dans les sous-divisions d’Oïcha, Kyondo, Kamango et Bulongo, sans que ces derniers n’aient bénéficié des prestations de santé promises par la MESP.

« C’est de l’argent bouffé gratuitement. Si la situation ne change pas, les enseignants sont prêts à boycotter la rentrée 2025-2026 », a déclaré Justin Bululi.

Sur le terrain, plusieurs enseignants témoignent de l’absence totale de services médicaux. Nombreux sont ceux qui ont dû payer leurs soins eux-mêmes, voire y renoncer par manque de moyens, malgré les prélèvements mensuels opérés sur leurs faibles salaires.

Cette situation renforce un sentiment d’abandon et de méfiance vis-à-vis des autorités éducatives. Les promesses formulées en août 2024 par le ministre de l’Éducation lors de son passage à Beni n’ont, selon les syndicalistes, jamais été suivies d’effet. Aucune amélioration concrète n’a été constatée dans la gestion des services sociaux ou les conditions de travail des enseignants.

Dans un climat de frustration généralisée, le SYECO a lancé un préavis de grève. Il annonce qu’en cas de nouvelle retenue liée à la MESP lors de la rentrée scolaire 2025-2026, les enseignants du territoire de Beni entreront en grève sèche et illimitée.

Par ailleurs, les syndicats exigent un audit indépendant de la MESP, une transparence dans la gestion des fonds collectés, ainsi que la publication de rapports clairs sur les prestations offertes, aujourd’hui quasi inexistantes. À défaut de réponses satisfaisantes, ils menacent d’élargir la mobilisation à l’ensemble de la province.

Cette affaire met en lumière un malaise plus profond dans le secteur de l’éducation, marqué par des retards de paiement, une absence de primes, des infrastructures délabrées et un système de protection sociale inefficace. À quelques sept semaines de la rentrée, la tension reste vive, et l’inaction des autorités pourrait compromettre sérieusement la reprise des cours.

Justin Mupanya

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