
Une polémique s’installe dans le territoire de Mambasa (Ituri) au sujet du contrat de partenariat public-privé confié à la société Jerryson pour l’entretien de la route Mambasa–Makeke, située sur la RN 44. Alors que la société civile forces vives a exigé, le 29 août 2025, la résiliation immédiate de ce contrat, la Convention pour le Respect aux Droits Humains (CRDH) apporte une réaction nuancée et met en garde contre toute précipitation.
Réunies à Mambasa, les forces vives ont accusé la société Jerryson d’« abandon manifeste » des travaux, d’incapacité à entretenir régulièrement la route et de perception de taxes jugées illégales. Dans une déclaration lue par leur coordonnateur, Mungeni Yuma Imurani, elles ont dénoncé la dégradation avancée de cet axe stratégique, qualifié de « vital » pour l’approvisionnement et la mobilité entre Mambasa et Beni. Elles recommandent au gouvernement provincial de l’Ituri de rompre le contrat et d’identifier rapidement un nouvel opérateur.
En réaction, la CRDH rappelle que depuis 1998, ce tronçon routier demeurait impraticable, avant que l’entreprise Jerryson ne soit engagée, en février 2021, pour sa réhabilitation. « Grâce à ces travaux, la population a commencé à sortir de l’enclavement régional », souligne l’organisation, qui reconnaît néanmoins que des imperfections subsistent. Elle invite plutôt à corriger les faiblesses constatées qu’à rejeter en bloc l’entreprise.
La CRDH soupçonne par ailleurs une manipulation de la part d’« une poignée de personnes » et estime que la déclaration des forces vives ne reflète pas nécessairement la position de l’ensemble de la société civile. « Une telle décision devrait être prise à l’issue d’une assemblée générale », insiste-t-elle, avant de proposer la convocation d’une rencontre extraordinaire pour débattre de la question et permettre à Jerryson de présenter ses moyens de défense.
Ce débat met en lumière la tension croissante entre attentes sociales et réalité de l’exécution des contrats publics dans un territoire où l’état des routes conditionne directement le développement économique et la sécurité des populations.
Roger KAKULIRAHI.