
Une vague de préoccupations sécuritaires agite la capitale congolaise après l’interpellation du général d’armée Christian Tshiwewe Songesha, ancien chef d’état-major général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). L’information, d’abord diffusée sous forme de rumeurs, a été confirmée publiquement mardi par le secrétaire général du parti au pouvoir, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Augustin Kabuya.
Selon ce dernier, le haut gradé aurait été auditionné dans le cadre d’une enquête portant sur un présumé complot visant la sécurité du président Félix Tshisekedi. Aucune source judiciaire indépendante ne confirme pour l’instant la nature exacte des faits reprochés. Les services de sécurité, quant à eux, n’ont pas communiqué officiellement sur ce dossier.
Des déclarations politiques sous haute tension
Lors d’une réunion politique organisée à Kinshasa, Augustin Kabuya a évoqué publiquement l’interpellation du général Tshiwewe, laissant entendre que celui-ci n’aurait pas contesté les faits lors de son audition. « Même une poule, avant de la tuer, on réfléchit. Mais lui, il n’a pas nié », a-t-il affirmé, devant des militants du parti présidentiel.
Ces propos, bien que frappants, n’ont pas été corroborés par des éléments judiciaires. Interrogé à ce sujet, un analyste politique basé à Kinshasa souligne qu’« une telle affirmation devrait être traitée avec prudence tant qu’aucune preuve formelle n’a été rendue publique. »
L’état-major appelle à la retenue
Le lieutenant-général Jules Banza Mwilambwe, chef d’état-major général des FARDC, a tenu à rassurer sur la régularité de la procédure. Dans une mise au point le week-end dernier, il a précisé que toute interpellation ne signifie pas une condamnation. « La justice militaire tranchera sur la base des éléments à charge ou à décharge », a-t-il déclaré, sans confirmer les noms des officiers concernés.
De son côté, le porte-parole de l’armée, le général-major Sylvain Ekenge, a expliqué que les interpellations en cours concernent des « manquements graves à la discipline militaire », rejetant les accusations de ciblage communautaire. Il a rappelé que l’armée reste engagée dans le respect de la loi, de la rigueur professionnelle et de la cohésion républicaine.
Un climat de tension dans un contexte fragile
Cette affaire intervient dans un climat déjà tendu, marqué par la guerre d’agression dans l’Est du pays, menée selon Kinshasa par le Rwanda via la rébellion M23/AFC. Elle survient aussi à un moment où certaines voix critiquent ce qu’elles perçoivent comme une stigmatisation d’officiers issus des régions swahiliphones.
Le contexte sécuritaire et politique demeure sensible. Des observateurs appellent à la transparence des enquêtes et à la prudence dans les déclarations publiques, afin d’éviter l’amplification de tensions internes au sein de l’appareil d’État.
Ce que l’on sait – et ce qui reste à clarifier
À ce stade, aucune communication officielle des autorités judiciaires ou des services de sécurité n’a précisé les faits imputés au général Christian Tshiwewe. Aucune inculpation formelle n’a été annoncée. La prudence reste donc de mise quant aux interprétations hâtives.
L’affaire pourrait toutefois avoir des implications importantes si les faits venaient à être établis. Car viser le président de la République, c’est également ébranler les fondements institutionnels du pays.
Justin Mupanya