
Le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a annoncé la suspension du processus de demande de sanctions contre le Rwanda. Ce geste, présenté comme une main tendue diplomatique, vise à relancer le dialogue et à favoriser la stabilité dans la région des Grands Lacs, où les tensions restent vives.
Selon des sources proches de la présidence congolaise, cette décision traduit une volonté de privilégier la concertation directe avec Kigali plutôt que la confrontation sur la scène internationale. « Le Chef de l’État veut donner une chance à la paix et poser les bases d’un nouvel élan diplomatique africain », a indiqué un conseiller, soulignant que le président Tshisekedi souhaite rebâtir la confiance entre Kinshasa et Kigali.
Ce virage diplomatique intervient dans un contexte marqué par de violents affrontements à l’Est de la RDC, où le gouvernement congolais accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23. Lors du forum Global Gateway à Bruxelles, Félix Tshisekedi a publiquement appelé Paul Kagame à ordonner la fin de l’escalade des violences, plaidant pour une solution africaine au conflit.
Mais la réponse du Rwanda n’a pas tardé. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a qualifié cette initiative de « comédie politique ridicule », estimant que « le seul à pouvoir arrêter cette escalade est le président Tshisekedi, et lui seul ». Il a accusé le dirigeant congolais d’entretenir un discours belliqueux, d’appuyer les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et de financer la milice Wazalendo, tout en menant des « bombardements quotidiens » sur des zones habitées à l’Est du Congo.
Kinshasa rejette ces accusations et affirme au contraire que c’est Kigali qui viole les accords régionaux, notamment l’Accord de Paix de Washington signé en juin 2025, prévoyant la cessation du soutien à tout groupe armé étranger et le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais. Des rapports des Nations unies ont d’ailleurs confirmé la présence de forces rwandaises aux côtés du M23, ce que Kigali continue de nier.
Cette passe d’armes s’ajoute à une série de tensions diplomatiques récurrentes entre les deux pays. Malgré plusieurs tentatives de médiation de l’Union africaine et de la Communauté d’Afrique de l’Est, les accusations croisées persistent, nourrissant la méfiance et compromettant les efforts de paix.
Pour Félix Tshisekedi, la suspension du processus de sanctions marque une ouverture diplomatique et un pari sur la raison. Reste à savoir si Kigali répondra à cette main tendue ou poursuivra sa ligne de fermeté. En attendant, les populations de l’Est du Congo continuent de payer le lourd tribut d’un conflit dont la solution semble toujours s’éloigner.
Justin Mupanya